Hibi Nikki / Acte 1: Le jour où je suis partie au Japon


Hibi Nikki vous propose de retrouver le quotidien d’une étudiante au Japon à travers une chronique régulière

Acte premier: Le jour où je suis partie au Japon

 

 

Je ne sais jamais par quoi commencer. J’ai longtemps hésité tournant et retournant mes phrases dans tous les sens, buvant deux cafés et ouvrant Twitter environ 10 fois dans les 20 minutes. Finalement je vais juste commencer comme ça.
Bonjour tout le monde, c’est Kell !

 

Certains m’ont peut être connu sous d’autres pseudos, d’autres me connaissent sûrement de mon vrai prénom, ici je me suis dis que j’allais fusionner les deux. Dans tous les cas une petite présentation rapide ne sera pas du luxe.
Je suis donc française, originaire de Nice, vivant actuellement sur Tokyo. Tout d’abord passionnée par les anime, manga puis par la culture japonaise en général, j’ai commencé à songer à partir au Japon pendant mes études. Pour vous remettre dans le contexte je vais effectuer un petit retour dans le temps.

 

Après le lycée, j’ai continué mes études en effectuant une mise à niveau en arts appliqués suivi d’un BTS design graphique. Au départ très motivée et satisfaite de mon choix je me suis peu à peu rendu compte que cette voie n’était pas faite pour moi. Dès le milieu de ma première année de BTS je commençais à songer à une possible reconversion en licence LLCE japonais, en espérant avoir une chance de partir en échange universitaire. Faute de moyens et au vu du peu de chance de partir j’ai très vite laissé tomber cette idée.
Juillet 2016, les résultats du BTS tombent : recalée.

 

« Ah, je m’y attendais mais ça fait quand même quelque chose. »

 

Après quelques semaines à déprimer et me demander ce que j’allais faire de ma vie, j’ai pris mon courage à deux mains et suis allée déposer des CV dans diverses boutiques. J’ai été recrutée immédiatement dans une célèbre marque japonaise de vêtements.
Dans ce magasins j’ai évidemment rencontré de merveilleuses personnes et acquis une certaine expérience mais arrivé décembre je commençais à me demander si je souhaitais vraiment passer ma vie de la vente. C’est alors que j’ai demandé conseil à un couple franco-japonais qui travaillaient avec moi à cette époque, plus particulièrement au mari français de ce couple :

 

Moi : « Dis moi Micka, comment tu as fais pour partir au Japon ? »

 

Lui : « Ah, j’ai intégré une école de langue où j’ai appris le japonais »

 

Moi : « Hein ? Il existe des écoles de japonais au Japon ? Pas besoin d’aller à l’université ?? Pourquoi je le savais pas ??? »

 

C’est plus ou moins le dialogue qui s’est produit ce jour là.
Il existait donc une autre manière d’apprendre le japonais et d’aller au Japon sans passer par le circuit universitaire, merveilleux !
Oui, enfin, c’est bien tout ça mais finalement, je n’avais pas vraiment de piste. Puis bon, j’imaginais que ce n’était pas si simple d’y rentrer…

 

« Bon allez ! Motivation ! J’y arriverais ! »

 

Deux ou trois jours après cette conversation, en Janvier si mes souvenirs sont exacts, après avoir vérifier que rien de nouveau n’apparaissait dans mon fil d’actualité Twitter et, alors que j’y vais rarement, je décide de regarder les story snapchat de mes contacts. Je tombe sur la story du Gaijin au Japon (https://www.gaijinjapan.org/) qui présentait Dokodemo dans une interview – chose que j’ai appris plus tard, celle ci était totalement improvisée. Je me souviens avoir bloqué pendant bien dix secondes en me disant que ça devait être un signe du destin ou quelque chose de ce genre – et j’y crois toujours. Une fois rentrée chez moi, je n’ai pas attendu bien longtemps pour les contacter par mail afin de prendre un rendez-vous via Skype.

 

Je me souviens avoir été super stressée pour ce dit rendez-vous. J’avais préparé une dizaine de questions, que ce soit sur les visas, le coût, le fonctionnement de l’école, les logements… Je crois d’ailleurs avoir conservé la feuille toute griffonnée dans mon dossier « Tokyo » rangé entre « Banque » et « Santé » quelque part dans mon bureau. Heureusement M.Hugues –son nom de famille me rappelle toujours l’un des meilleurs perso dans Fullmetal Alchemist…oui je m’excuse pour le hors-sujet, on peut reprendre – a été très clair et m’a donné énormément d’informations qui m’auront bien servi par la suite.


Moi, naïve : « Alors voilà, je débute en Japonais et je souhaiterais passer le N2. C’est possible en 6 mois ? »

 

M.Hugues : « Hum. Alors. Euh. Comment dire. »

 

Oui, oui, vraiment dans ce genre là les questions.
Après une heure d’entretien, j’étais plus motivée que jamais pour réaliser ce projet. Le point positif c’est que je m’y étais prise extrêmement tôt. Je souhaitais partir en Mars 2018 et nous étions en Janvier 2017. Le point négatif c’est que je ne savais absolument pas par quoi commencer. Vous remarquerez que « ne pas savoir par quoi commencer » est en réalité l’un des plus gros soucis de mon existence.

 

Pour faire court, j’avais décider de partir sur un visa étudiant.
Sauf pour que pour le visa étudiant il me fallait une grosse somme d’argent.
Sauf que pour avoir cette somme d’argent il me fallait un prêt étudiant.
Sauf que pour le prêt étudiant il me fallait un garant solvable.
Vous me suivez ?

 

Après des mois et des mois de recherches de papiers, de solutions, de re-papier, de passages à la banque – heureusement que ma conseillère est en or – à la mairie puis finalement à la poste, je finis par envoyer mon dossier à Dokodemo au mois de Septembre 2017. Ah, j’en oublierais presque la dizaine de mail échangé – si ce n’est plus – avec eux. J’avais réellement l’impression de les harceler mais finalement ça n’a pas l’air d’avoir été le cas. Tant mieux !
Étant âgée de 21 ans à l’époque, je n’ai pas vraiment eu de problème quant à convaincre mes parents. En réalité c’est plutôt l’inverse. Que ce soit d’un côté comme de l’autre, j’ai la chance d’avoir des parents qui souhaite me voir réussir et m’épanouir dans ce que j’aime. Bien sûr j’imagine qu’ils s’inquiétaient un peu à l’idée de me voir partir à 9844 kilomètres, mais rassurez-vous, on se Facetime assez souvent !

 

Autre point important, j’ai commencé à prendre quelques cours particuliers de japonais dès Septembre 2017. À raison de 1h30 par semaine, j’ai pu prendre un peu d’avance en apprenant hiragana, katakana et autres bases concernant la grammaire entre autre. J’avoue que le fait d’avoir des facilités pour apprendre les langues étrangères m’a bien aidé sur ce coup là. De plus, depuis mes 12 ans environ je passais le plus clair de mon temps à regarder des anime en voix-original sous-titré français – ou vostfr pour les connaisseurs – et à composer mes playlist de générique d’anime (#Naruto #FMA #Bleach). Grâce à tout ça, mon oreille s’est peu à peu habituée au Japonais et mon vocabulaire s’en est retrouvé enrichi. Tomoko-sensei, ma professeure de japonais à cette période s’étonnait souvent du vocabulaire que je pouvais connaître et j’avoue, ces quelques mois de japonais m’ont été d’une utilité redoutable dès mon arrivée sur le sol nippon.

 

 

Nous arrivons doucement en Février 2018, date à laquelle je devais recevoir la réponse de Dokodemo pour savoir si ma demande de visa étudiant a été acceptée – spoiler : elle l’a été. J’avais déjà préparé mes billets d’avions – remboursables au cas où – et la date de mon départ était prévue pour le 22 du mois suivant. Les valises étaient encore vides mais encombraient ma chambre depuis déjà 3 mois – assez peu pratique pour faire le ménage – et je ne les ai finalement rempli que quelques jours avant le départ.

 

Février laissa place à Mars durant lequel tout s’est enchaîné à une vitesse phénoménale.
Les cinq premiers jours du mois j’ai hébergé un ami japonais du nom de So, lui faisait visiter la côte d’azur et traduisant chaque conversation du japonais au français et inversement. Ces quatres jours furent je pense les plus épuisants que j’ai pu vivre. Non pas que cet ami était fatiguant, bien sûr, mais devoir traduire chaque mots pendant quatre jours non-stop était mentalement éprouvant. Cela dit, j’ai tout de même trouvé cela bien amusant à force. Une fois So monté dans l’avion pour son retour au Japon, je n’ai même pas eu le temps de souffler une journée et me voilà repartie saluer la famille côté papa – composée de mon père, ma belle-mère et ma petite-sœur – à 300 kilomètres de là. Puis, arrivé aux alentours du 12 Mars il m’a fallu aller récupérer mon visa jusqu’au consulat de Marseille. La procédure prenant quelques jours un très bon ami à l’accent du sud m’a gentiment hébergé pour durant le laps de temps qu’il me fallait pour récupérer l’objet tant convoité. Lors de mon passage au consulat, j’ai rencontré un jeune français d’environ mon âge qui m’a gentiment salué, me demandant combien de temps je partais etc. « Ce serait sympa si jamais on se croisait là bas ! » m’a-t-il dit, mais finalement je ne l’ai pas revu depuis. J’imagine qu’il se porte bien.

 

Le visa en poche, j’ai enfin pu retourner chez moi pour… une petite semaine seulement. Cela me laissait le temps de commencer et finir mes valises et de dire aurevoir aux amis et à la famille avant le grand départ.

 

Ah ? Comment ? On me signale des grèves de Air France pour le 22 et 23 Mars ?

 

Eh oui, à une semaine du départ je venais à me demander si j’allais pouvoir monter dans l’avion sans peine. Je vous explique : étant assez anxieuse à l’idée de perdre mes bagages en cas de changement, j’avais opté pour un vol direct Paris-Tokyo le 22 Mars à 19h avec une compagnie japonaise. Or, si vous avez bien suivi jusqu’ici, il se trouve que je vis plutôt vers le sud. Pour rejoindre Paris j’avais donc pris un billet Nice-Paris le 22 au alentours de 11h. Cela me laissait le temps de récupérer mes bagages, prendre un repas et enregistrer mes bagages sur le vol pour Tokyo tranquillement. Mais c’était sans compter sur cette histoire de grève. J’ai téléphoné à la compagnie, suis allée voir directement sur place sans obtenir beaucoup d’informations malheureusement. J’avais bien peur de ne pas pouvoir rejoindre Paris à temps pour mon vol et l’idée de tout un projet tombant à l’eau à cause d’une histoire de grève m’angoissais terriblement. J’ai finalement réussi à modifier mon vol Nice-Paris et à avancer le départ la veille au soir et tout cela deux jours avant le départ. Fort heureusement j’avais fini mes valises, pu saluer tout le monde mais je me serais bien passée de ce petit coup de stress avant un départ aussi important !

 

L’aiguille de l’horloge avançant, le départ approchait à grand pas et nous voilà vers 18h dans la salle d’embarquement. Je regardais mon billet les yeux dans le vides. « On y est, c’est maintenant que tout commence » me disais-je en tournant et retournant le petit bout de papier entre mes doigts.

 

Comment ça va se passer une fois là bas ?
Et si ça se passait mal ?
Et si je me perdais ? Et si…
Non, impossible, je suis sûre que ça va aller.
Puis j’ai un GPS.
Tout va bien se passer.

 

Prenant une grande inspiration je me dirigeais vers l’appareil, ma petite valise de soute, mon sac à dos, mon ordinateur, mon appareil photo et mon sac à main autour du cou – je ne plaisante pas, j’étais réellement chargée de tout ça.

 

 

Une fois installée, un couple de japonais s’installe sur les deux sièges à ma droite. Soit dit en passant les 90% des passagers à bord devait être japonais. Au début du vol j’étais d’abord partie sur « écouter de la musique » puis finalement me suis dis que j’allais en profiter pour regarder un film moi qui manque cruellement de culture cinématographique. Pendant l’heure du repas servi à bord, j’ai pu engager la conversation avec le couple à ma droite. Ils m’ont out d’abord complimenté sur mon japonais puis nous avons échangé quelques mots sur pourquoi je souhaitais aller au Japon, d’où je venais, etc.

 

La nuit approchant, j’ai finalement lancé un film sur l’écran en face de moi pensant que cela me bercerait et m’aiderait à dormir mais que nenni : je n’ai pas fermé l’œil du vol. Peut-être trente minutes tout au plus. J’étais constamment gênée par le bruit de fond ou les douleurs au dos du fait de rester assise pendant si longtemps. J’avais lu sur plusieurs sites qu’il ne fallait pas hésiter à se lever plusieurs fois et marcher mais assise côté hublot je ne pouvais définitivement pas déranger toutes les deux heures le couple assis à mes côté juste pour me dégourdir les jambes.
Après douzes longues heure de vol, l’appareil se pose enfin à l’aéroport d’Haneda.

 

 

« C’est…C’est Tokyo !! J’y suis vraiment !! »

 

Encombrée tous mes bagages je me dirige vers le hall principal, et réussit tant bien que ma à capter la connexion WiFi qui me permet de contacter So. En effet, celui ci s’est gentiment proposé pour venir me chercher et m’accompagner jusqu’à ma guest house – je reparlerais de ce sujet dans un prochain article – ce qui m’a été d’un très grand secours. Une fois mes valises déposées, mes colocataires salués, j’ai pu enfin m’allonger dans un vrai lit et passer une vrai nuit comme il faut !
Pendant les deux jours qui ont suivit j’ai eu pas mal de vertiges et je n’arrêtais pas de tousser comme si je faisais une allergie au pollen mais je n’ai aucune idée d’où cela pouvait venir. Peut-être le changement d’air ?

 

Nous sommes maintenant en 2019. Cela fait maintenant près de 10 mois que je me suis installée dans cette toute petite ville qu’est Tokyo et je ne regrette pas un seul instant cette décision. J’ai encore plein de choses à vous raconter, des aventures drôles et étonnantes, des découvertes, des rencontres fantastiques et j’en passe. J’espère sincèrement que vous prendrez plaisir à me lire et j’attends avec impatience vos retours, questions et autres commentaires ! En attendant je retourne tout doucement lire un peu et profiter de mes quelques jours de repos avant de reprendre les cours et le travail !

 

C’est tout pour aujourd’hui !

 

Sur ce…à bientôt !

 

Kell☆

 

 


A propos de l’auteur: Kell, pseudonyme issu d’une fusion entre mon prénom et un pseudo utilisé depuis longtemps. Je me suis installée au Japon en Mars 2018 et je vous raconte la vie que j’y mène. Vie quotidienne, tracas en tout genre, expériences inédites et rencontres enrichissantes, j’espère que vous prendrez plaisir à me lire à travers cette chronique !

 

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